Les enseignant-es ont, de toujours, cherché à soustraire l’école aux aléas du monde afin de créer un espace et un temps où exercer tout à loisir la richesse de chaque être humain - car, finalement, nous autres enseignant-es pensons toujours, même malgré nous, que la société doit être faite pour l’école et non l’inverse.

Notre expérience nous dit aussi que l’école n’est pas hors du monde mais traversée des mêmes courants et flux formant crêtes de vagues et fonds abyssaux, le propre de nos sociétés. Dans nos classes, nous trouvons le reflet de ce qui se passe à l’échelle de l’ensemble des groupes humains.

Nous avons cru - et certain-es le croient aujourd’hui encore, sinon il n’y aurait plus personne avec les élèves - nous avons cru que la mise à distance, l’exercice d’un doute fondé, une objectivité critique, de la raison et une bonne dose d’empathie suffiraient à préserver les cercles que nous formons avec nos élèves.

Hélas, aujourd’hui nous en sommes à compter nos morts, victimes et témoins de guerres, absurdes, mais surtout, totales, comme toute guerre depuis le vingtième siècle. Et l’école se trouve en première ligne, les enseignant-es visé-es ès qualités.

La première victime d’une guerre, c’est la vérité.

Cela n’aura échappé à personne, le mensonge tient une place centrale dans ces conflits et nous ne sommes plus au temps du bobard, mais au temps de la fausse vérité sûre de son effet lorsqu’elle nous fait donner à l’autre la forme d’un point quelconque.

Alors, il ne s’agit plus d’être indifférent aux opinions, il s’agit de combattre les idées mortifères et pour cela relever les mensonges. Et confronter les menteurs. Les confronter au fait qu’il n’y a pas de mensonge innocent et - terrible exemple ! Qu’il est indigne d’un ex président de la république de colporter des propos dévalorisant les enseignant-es alors que nous en sommes à compter nos morts.

À NOS MORTS

À NOS MORTS