Déclaration liminaire de la FSU 93 au CTPD du 1 avril 2011 M. l’Inspecteur d’Académie, Le CTPD se réunit aujourd'hui pour examiner les moyens alloués au 1er degré dans notre département pour la rentrée 2011. Cette question est malheureusement largement impactée par des choix budgétaires idéologiques : En 5 ans, le gouvernement a supprimé 50 000 postes dans le service public d’éducation au nom de la RGPP. Les 16 000 suppressions supplémentaires à la rentrée 2011 auront encore des effets dévastateurs sur les effectifs des classes, la scolarisation des enfants de 2 et 3 ans, l’aide aux élèves en difficulté, l’offre d’enseignement, le fonctionnement des services, les conditions de travail de l’ensemble des personnels dans les écoles, les établissements, les services académiques… Le gouvernement sacrifie dans le même temps la formation initiale des enseignants entraînant démission et effondrement du recrutement. Les mesures imposées aux écoles ne répondent pas à l’enjeu de la démocratisation et elles continuent de peser lourdement sur les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignants. Les « réformes » imposées redessinent un système éducatif plus inégalitaire qui renonce à la réussite de tous les élèves, notamment de milieux populaires, qui met en concurrence les établissements, démantèle l’éducation prioritaire. La déclinaison départementale de cette politique nationale ne passe pas. En effet, après les rassemblements devant l’Inspection Académique du 10 février et du 18 mars, aujourd’hui, les collègues du 1er comme du 2nd degrés ainsi que les parents d’élèves seront nombreux à nos côtés pour manifester leur très profond désaccord sur les conditions de la rentrée 2011. Pourtant tous les indicateurs sont au rouge : . Les enquêtes PISA 2009 qui portent respectivement sur les acquis en fin de collège et de CM1 montrent clairement que les inégalités scolaires s'aggravent. Pourtant le gouvernement n’en tire aucune conséquence et voit dans ces résultats un « encouragement » à poursuivre ses « réformes » ! . Le Centre d’analyse stratégique (CAS), dépendant du Premier ministre, a publié en février le « Tableau de bord de l’emploi public » (ces chiffres prennent comme référence l’année 2007) : avec 6,1 enseignants pour 100 élèves, la France arrive bonne dernière, loin derrière la Suède, régulièrement citée comme une référence dans le domaine de l’éducation, mais encore plus loin de la Grèce ou du Portugal, où le taux d'encadrement monte à 9 professeurs pour 100 élèves ou étudiants. La situation est encore plus grave dans le premier degré où on ne compte que 5 enseignants pour 100 élèves. Mais le gouvernement poursuit aveuglément sa politique de suppressions de postes alors que la population scolaire est en augmentation. A la lecture de ce rapport, on se souvient de la déclaration du ministre de l’Education Nationale Luc Chatel en juin dernier, cherchant à justifier l’augmentation des effectifs d’un élève par classe : « Nous avons un taux d’encadrement qui est plus important en France que celui d’autres grands pays développés. » Alors même que les chiffres de l’OCDE pour 2007 constatent 22,6 élèves par classe en primaire et 24,3 dans le secondaire, contre respectivement 21,4 et 23,9 élèves en moyenne dans l’OCDE. Manifestement ces fameux « gisements d’efficiences » se confrontent mal à la réalité. De plus, ce même Centre d’analyse stratégique (CAS) signale qu’au niveau des salaires des enseignants, la situation n'est pas meilleure en notant que le « salaire des enseignants français est faible en comparaison internationale ». Concernant le niveau départemental, la FSU constate que la rentrée 2011 s’annonce particulièrement compliquée puisqu’il faut supprimer 20 postes alors qu’il y aura 2160 élèves de plus dans nos écoles. Il semble impossible de résoudre cette équation sachant qu’il faudrait créer 90 postes pour scolariser ces élèves sans dégrader davantage le service public d’éducation de Seine-Saint-Denis. Globalement, c'est l'ensemble des postes consacrés au travail collectif de lutte contre l'échec scolaire qui va faire les frais de cette politique et de sa déclinaison locale. La suppression de 48 postes en Rased présentée comme un redéploiement des maitres E afin d’améliorer leur efficacité va encore fragiliser davantage les élèves les plus en difficulté. Les suppressions de postes vont conduire à une nouvelle dégradation des conditions de fonctionnement des Écoles. Le taux de remplacement, déjà actuellement source de tension dans notre département et de baisse de confiance des familles envers l'institution scolaire, va encore diminuer avec la suppression de 39 postes. Enfin dans notre département, nous avons forcement un regard particulièrement attentif et inquiet devant les évolutions de l’éducation prioritaire. Ainsi, l’extension du programme CLAIR (après seulement 4 mois d’existence) aux écoles et à l’ensemble des collèges RAR, poursuit le démantèlement de l’éducation prioritaire. En effet, le développement des ECLAIR se substitue à l’éducation prioritaire en appauvrissant les contenus des enseignements dus aux élèves tout en contournant les statuts des enseignants de manière inadmissible. La FSU demande l’abandon de ce dispositif qui institue des déréglementations pour les élèves comme pour les personnels. La FSU continue de réclamer une véritable relance de l’éducation prioritaire. Enfin pour terminer, derrière cette carte scolaire, c’est bien l’école dans son ensemble qui est attaquée. La FSU et ses syndicats tiennent à réaffirmer qu’une autre école est possible, une école permettant la réussite de tous les élèves, et non une école qui ne servirait qu’à repérer les plus méritants ; que l'Éducation Nationale est un investissement prioritaire et non un fardeau budgétaire.